11/10/2016 Bruxelles
- « Villa giulia, pas un jardin, mais le corps malade d’un jardin »… « Je reviens à ma première expérience de la Villa Giulia : bien que la moitié des jardins historiques italiens soient réduits à l’état de cadavre ou de débris malades, non seulement en Sicile mais dans toute l’Italie,…, cela montre clairement ce que cache un grand placard bourré de squelettes. »… « Villa Giulia reste ma plus grande expérience didactique : Villa Giulia étendue devant moi et mes élèves avec toutes ces pièces endommagées ou mortes, avec ces prothèses laides et primitives. »
Ipolito Pizzetti pour « Villa Giulia – Storie e projetto nell’ architecttura di Villa Giulia a Palermo » du Centre d’étude d’histoire et d’art des jardins – 1985
- « Un jardin est un lieu de la mémoire par excellence, car nous entrons dans des rythmes qui ne sont plus les nôtres, ceux des végétaux. Et où l’on renoue avec le rythme « naturel de la vie. »
Devant ce qu’on appelle fausse ruine ou fontaine en ruine
« Nous nous trouvons en face d’incroyables beautés dans un état d’abandon tel que notre compréhension s’en trouve compliquée. Nous devons reconstruire pour comprendre ce dont il s’agit. Dans le cas présent, il y a bien longtemps c’était une fontaine ! Voyez vous le cercle ? Cette fontaine scandée selon 16 coins qui transforment cet espace complètement hermétique en un cercle parfait. Je suis un profane qui traverse le jardin et je me rends compte progressivement que je reçois des éléments propres à une recherche spirituelle. Je me trouve devant une structure pluri-angulaire qui fait un cercle et m’introduit dans une grotte où quelque divinité semble présente. De quelle divinité peut il s’agir ? Je pénètre le mystère de l’ombre. Je dois donc trouver quelques émanations de l’ombre, quelques monstres peut-être. Et en revanche je trouve une divinité de marbre blanc, une évocation de la lumière, probablement Apollon. »… « En un espace recouvert d’eau, Apollon joue de la lyre et enchante la création .»
A propos du mausolée le plus tagué sous les cyprès.
« Celle–ci est en quelque sorte notre tombe locale de Jim Morrison. C’est notre Archimède qui est évoqué ici. Et cette tombe est importante parce que le dernier à avoir vu la tombe originale (d’Archimède) était Marco Tulio Cicéron, qui en fait une description détaillée. Après lui elle ne fut jamais trouvée. Alors le lieu unique où l’on peut évoquer la mémoire du grand Syracusain est donc ici à Palermo, en ce lieu où personne n’est vraiment enterré sinon la culture elle-même. Pour l’éternelle édification des générations futures. »
Sculpture du génie de Palerme.
« Nous sommes à l’ouest du jardin. Le jardin est l’œuvre des loges maçonniques de Palermo. C’est ici que doit se trouver l’entrée du temple. Nous découvrons ces colonnes qui séparent le jardin botanique du jardin public. Avec le Genius Loci (génie de Palerme), le protecteur de la ville, le duc par excellence. Il est le garant de tous les équilibres, à commencer ici pas le faisceau des Licteurs. Garant de la paix, évoqué par un chien paisible au pied de son maître. Garant de la santé publique, avec le serpent qui lui mord le sein telle une surprenante figure maternelle. Garant des victoires militaires, les sens guerrier de l’aigle. Par le truchement de toutes ces protections on arrive à l’abondance des biens, et son symbole, la cornucopia, la corne d’abondance. Tout autour du génie de Palerme on trouve tout ce qui pourrait le menacer. Les désespérés qui n’ont pas la foi et menacent la gloire promise au contraire de celui qui suit le génie des lieux. La culture et la santé mises à mal par la médisance. : la main couvre la bouche dans une attitude timorée et honteuse. L’aigle panormitaine vacille à cause de l’oisiveté. Nous trouvons la famille emportée par l’abondance. »…
Au centre
« Au centre du jardin toutes ces allées et ces statues que nous voyons nous guident via les différentes zones vers une zone riche de multiples enseignements, plus ou moins importants. Quand nous atteignons le moment de la révélation centrale nous voici invités à la prudence et le risque de se perdre est évoqué par les parterres : un labyrinthe ! Comme labyrinthiques sont les quatre kiosques conçus pour la musique, de véritables oreilles distribuées deux pas deux sur chacun des mystère que seul le centre révélera. On dit « Esedra » pour exèdre non ? « Esédra » oui »… « Entrée à l’est, passé de l’antiquité au sud, promesse de la jeunesse au nord. Le dédalle des années nous mènent à la révélation des mystères. Par l’évocation des illustres, le champ de la culture, des sciences, de l’art. Jusqu’à l’ouest où nous trouvons le Genius Loti de la ville. Notre duc à présent. Nous sommes au centre du jardin et nous trouvons encore le modèle de l’enfance pas humain cette fois mais divin : les séraphins et chérubins, ceux qui ont le privilège de toucher le trône dans la tradition juive. Et dans la position du trône divin nous trouvons l’évocation extraordinaire de temps avec le dodécaèdre, soit toutes les manières de lire le temps. Solaire et lunaire. »
« Sicile dévoilée – Palermo : Villa Giulia dévoilée » un documentaire de Jean-Paul Barreaud et Gabrielle Gismondi.