20/08/2016 Bruxelles

Difficile de se concentrer ou de prendre des photos dans le parc royal envahi par un festival de forains et des armées de joueurs de Pokemon Go. Bon essayons malgré tout.

Villa Giulia. Palerme. 16 bustes posés sur socles. 14 sans tête. Un buste sans tête quel intérêt ? Quel est le concept ? Il n’y a sans doute aucun concept. Est ce là que commence la déliquescence de notre civilisation ? Des Pokemon Go il n’y en avait probablement aucun à Villa Giulia.

Villa Giulia : 14 décapitations
Il y a, à Palerme, un parc adossé au merveilleux jardin botanique de la ville. C’est le parc de Villa Giulia. Il s’agit d’un  jardin public construit à la fin du XVIII siècle sur une base carrée avec 8 chemins en étoile qui rejoignent une fontaine surmontée d’une statue d’Atlas portant un énorme dodécaèdre avec des cadrans solaires sur les différentes faces. Sur le pourtour de la fontaine, au début de chaque chemin, il y a 16 bustes en marbre supportés par des colonnes romaines lisses. Sur les 16 bustes, 14 sont dépourvus de tête!
Pourquoi ces bustes sans tête? Mais la question du pourquoi n’a pas d’importance. Où sont les têtes? Dans un musée, dans le fond de la cave d’une administration culturelle? Volées? Détruites? Ça n’a pas d’importance non plus.
Par contre ce qui est intéressant c’est de comprendre pourquoi ces bustes étêtés sont là. Et plus précisément quel est le sens de la présence de ces 14 décapités. 14 sur 16, c’est une proportion importante. Significative.
Est ce un signe du commencement du déclin de notre civilisation ?
Palerme la romaine, la byzantine, la musulmane, la normande, la germanique, l’espagnole et enfin l’italienne. Et à la fin de sa longue histoire de plus de 25 siècles la ville a été saccagée par la corruption en moins de 20 ans. La pieuvre a détruit Palerme et depuis on a l’impression que nul n’a la volonté de la reconstruire, à l’image de ces bustes décapités. Le capitalisme détruit notre civilisation et on a l’impression que nul n’a l’intention d’empêcher l’inexorable démolition. Les bustes délabrés montrent un art détruit. Ce sont des œuvres négligées puis oubliées. Je cherche à reconstruire cet art détruit, lui donner une nouvelle vie en quelque sorte. Là où il y avait de l’art, il peut y en avoir à nouveau. Reconstruire ces bustes c’est chercher à mettre un frein à la déliquescence de notre civilisation.
La retouche d’image photographique permet cette reconstruction. L’idée est de redonner de la grâce à ces bustes. Il faut d’abord les extraire de leur milieu, pour mettre l’accent sur les matières et la lumière. Ensuite ils sont déformés pour obtenir une dynamique, une forme dansante et élancée. Et enfin c’est un travail sur les couleurs, les fonds et les détails.